https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/questions-du-soir-le-debat/le-controle-coercitif-est-il-au-coeur-des-violences-conjugales-1000594

Peut-on comprendre les violences conjugales sans parler de contrôle coercitif ? Ce mécanisme insidieux, fait de pressions, d’isolement et de domination, apparaît de plus en plus comme un élément structurant des relations violentes. Pourtant, son existence est remise en cause.

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Le contrôle coercitif désigne un ensemble de comportements visant à restreindre progressivement la liberté d’un partenaire : isolement, surveillance, humiliations, pressions économiques ou juridiques. Pris isolément, ces actes peuvent sembler mineurs. Pris dans leur globalité, ils traduisent une stratégie de domination. Longtemps ignoré dans les textes de loi, ce concept a pourtant été théorisé dès 2007, par le sociologue Evan Stark, et reconnu depuis dans plusieurs pays, dont l’Écosse et l’Angleterre. En France, il fait progressivement son chemin : certains juges s’en saisissent déjà, comme l’a montré la cour d’appel de Poitiers en janvier 2024. En janvier dernier, un amendement voté à l’Assemblée nationale a proposé de l’inscrire dans le Code pénal comme infraction spécifique.

Mais en avril, le Sénat a supprimé cette disposition, estimant que le terme relevait davantage du champ sociologique. Le phénomène a été requalifié dans une extension du harcèlement moral conjugal. Ce choix suscite des débats : certains y voient un compromis juridique ; d’autres, un recul symbolique. Faut-il continuer à les envisager acte par acte, ou les considérer comme un système plus large, parfois difficile à appréhender, mais déterminant pour prévenir les violences les plus graves ?

1) Révéler la mécanique de la prédation, l’isolement et l’emprise

En mai 2024, Isild Le Besco porte plainte pour viol sur mineure de plus de 15 ans contre Benoît Jacquot, pour qui elle a joué dans cinq films. Poursuivant la réflexion menée dans son ouvrage Dire vrai, paru aux éditions Denoël en mai 2024, la cinéaste revient ici sur son enfance, son métier en tant qu’actrice et sa vie de famille.

Décrivant sa relation avec le réalisateur marquée par des déséquilibres d’âge, de statut et de pouvoir, elle met en lumière le mécanisme par lesquels plusieurs hommes ont réussi à la chosifier. Son témoignage illustre précisément ce que la psychologue sociale Andreea Gruev-Vintila appelle « contrôle coercitif » : un schéma de comportement par lequel des hommes obtiennent le monopole sur les ressources disponibles dans la relation ou chez la femme, par une série d’actes qui finissent par épuiser, emprisonner, dégrader et chosifier la victime.

Leur conversation dévoile non seulement ce que la violence conjugale fait aux victimes, mais aussi ce qu’elle leur retire : liberté de penser et d’agir, auto-détermination, ressources, estime de soi… Elle devient ainsi un phare d’espoir pour les personnes prises dans cet étau invisible.

Le « contrôle coercitif » est inscrit légalement dans plusieurs pays : Angleterre, Ecosse, Belgique, Canada. Cette approche plus globale de la violence conjugale comme atteinte aux droits humains éclaire le schéma de comportement des agresseurs et les conséquences durables et dévastatrices sur les victimes, disproportionnellement des femmes, singulièrement des mères et indissociablement des enfants.

Depuis le 28 janvier 2025, le « contrôle coercitif » est entré dans le droit français. La définition retenue par l’Assemblée nationale devrait évoluer au fil de la navette parlementaire.

2) Protéger nos enfants

Dans ce deuxième volet, Isild Le Besco, Andreea Gruev-Vintila et Léonor Graser approfondissent l’analyse : pourquoi les femmes et les mères sont-elles davantage touchées par le phénomène ? Quels sont les impacts sur les enfants ? Et comment la justice, les forces de l’ordre et la protection de l’enfance réceptionnent-ils ce type de violences ?

Pendant plusieurs mois, Stéphanie Grosjean et Eva Seker, journalistes indépendantes, ont enquêté sur la prise en charge des victimes de violences conjugales, en Belgique francophone. L’enquête se construit autour du récit de Sasha, Victoria, Isabelle et Sandrine qui en sont/ont été victimes (noms d’emprunts). Leur parcours met en lumière les mécanismes des relations affectives violentes, et la manière dont un cycle infernal s’installe au sein du couple, et par ricochet, au sein de la vie de famille.
Ces quatre histoires intimes illustrent et questionnent le fonctionnement des différents lieux de prise en charge des victimes : services de police, ligne d’écoute, associations de victimes, maison d’accueil, tribunal pénal et tribunal de la famille… L’enquête cherche à comprendre comment notre système protège les victimes et leurs enfants, empêche la récidive, responsabilise les auteurs. Sachant que depuis 2023, la Belgique est le premier pays européen à adopter une loi-cadre Stop féminicide. Avec quel impact ?
Cette investigation racontée à deux voix veut sortir des préjugés sur les violences conjugales, informer sur ces situations complexes encore taboues. L’objectif est aussi de répondre de manière constructive à la question : quelles solutions pour une prise en charge toujours fonctionnelle ?

Episode 1 : Le contrôle coercitif

Episode 2 : Vers qui se tourner ?

Episode 3 : Que fait la justice ?

Episode 4 : Comment protéger les enfants ?

Episode 5 : Que faire des hommes violents ?

Episode 6 : Réapprendre à vivre

A l’occasion des 30 ans de Solidarité femmes, nous lançons notre podcast « Osons en parler », dans lequel une femme raconte comment elle a été victime de violence domestique et la façon dont elle a trouvé le chemin de la maison d’accueil et d’un avenir autonome sans violence. Des spécialistes prennent également la parole pour expliquer les effets de la violence domestique sur les femmes et les enfants, ainsi que les aspects juridiques. Des collaboratrices de Solidarité femmes présentent quelles aides sont possibles dans le cadre de l’aide aux victimes et concrètement dans la maison d’accueil. Le podcast a pour but de sensibiliser, d’encourager à ne pas fermer les yeux et à oser briser le tabou de la violence intrafamiliale. Trois épisodes sont disponibles en français et un en allemand.

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Episode 1: Violences domestiques – briser le silence et trouver du soutien

Episode 2: Violences domestiques – mécanismes et conséquences

Episode 3: Violences domestiques – aspects juridiques

Le devoir conjugal, cette idée selon laquelle du sexe régulier est attendu, quand on est en couple. Est-ce seulement une injonction sociale ? En France, elle existe aussi sur le plan juridique : si une personne refuse, durablement, d’avoir des relations sexuelles avec son mari ou sa femme, elle peut être reconnue fautive par un tribunal. Enfin, c’était le cas jusqu’à une récente condamnation de la France par la Cour européenne des droits de l’homme.

D’où ça vient, cette notion de « devoir conjugal » ? Comment cette notion s’est-elle invitée dans le droit français ? Qu’est-ce que ça impliquait pour les époux et épouses ?

Journaliste : Grégoire Molle
Réalisation : David Chapuis

Peut-on vraiment séparer le mari du père ?

Ce n’est qu’à l’âge adulte que j’en ai pris conscience : je n’ai pas été simplement témoin des violences de mon père envers ma mère. Qu’est-ce que ça fait de grandir dans un climat de violence ? Quels impacts cela a-t-il encore aujourd’hui sur ma vie d’adulte ?

Depuis un an, je fais partie du groupe de parole « enfants co-victimes » de l’association Elle’s Imagine’nt à Paris. Au fil de ces cinq épisodes, je tente, avec d’autres adultes qui ont vécu la même chose que moi, de répondre à mes questions.

Pourquoi j’ai mis si longtemps à m’avouer que je déteste mon père ?

Et pourquoi a-t-on tant de mal à entendre un enfant qui ne veut plus voir son père ?

EPISODE 1: SEPARER LE MARI DU PERE

EPISODE 2: LE CALME AVANT LA TEMPETE

EPISODE 3: QUELQU’UN DE BIEN

EPISODE 4: JE TE CROIS

EPISODE 5: L’AUTRE

« Justice pour les enfants »

La domination adulte (1/3) : Quand les pères font la loi 

Contrairement à la classe, au genre ou la race, les relations entre adultes et enfants ne sont presque jamais pensées comme des rapports de pouvoir à part entière. Pourtant, le pouvoir des adultes sur les enfants prend des formes similaires à celles du patriarcat. C’est tout l’objet de cette série consacrée à la domination adulte. Elle s’ouvre par un premier épisode qui donne la parole à des mères protectrices : celles-ci racontent comment, après avoir dénoncé des incestes et/ou des violences perpétrés par leurs ex conjoints sur leurs enfants, elles se retrouvent accusées de manipuler ces derniers pour nuire au père. Certaines perdent la garde de leur enfant. D’autres se retrouvent en prison pour avoir refusé de remettre leurs enfants à celui qu’ils dénoncent comme étant un violeur.

Ces histoires sont très difficiles. Elles racontent les violences conjugales, l’inceste, mais aussi les violences institutionnelles que subissent les mères et les enfants. Elles parlent d’articulation entre misogynie et adultisme et de l’aveuglement de la justice. Elles sont parfois tellement kafkaïennes qu’elles semblent irréelles. Il nous faut pourtant les écouter, car elles sont loin d’être des cas isolés.

Avec :
– Millie et Heïdi
Édouard Durand, juge
Annie Ferrand, psychologue féministe
Pierre-Guillaume Prigent, docteur en sociologie
– Gwénola Sueur, doctorante en sociologie

En 2021, afin de marquer son 15ème anniversaire, l’Association VIOLENCE QUE FAIRE a créé et lancé le podcast de sensibilisation Poussière.

L’objectif de ce podcast est de donner la parole à d’anciennes victimes de violence au sein du couple et d’articuler leurs témoignages avec l’apport d’expert-e-x-s du domaine. Chaque épisode dure une quinzaine de minutes et aborde une thématique autour de la violence au sein du couple. Poussière souhaite favoriser la compréhension de différents types de violence au sein du couple (physique, économique, psychologique et sexuelle) et de leurs enjeux spécifiques. L’ensemble des épisodes du podcast «Poussière» se trouvent sur cette page.

EPISODE 1: VIOLENCES INVISIBLES

EPISODE 2: SOUS LE CHOC

EPISODE 3: FACE A LA JUSTICE

EPISODE 5: ENFANCE EN SUSPENS

EPISODES 5 ET 6: GENRE ET VIOLENCES

EPISODE 7: VIOLENCES ET MIGRATION

EPISODE 8: DESAPPRENDRE LA VIOLENCE

Le procès des viols de Mazan est entré dans sa dernière phase: la défense des accusés. Comment défend-on des violeurs, des meurtriers et autres grands criminels? Loïc Parein, avocat de l’assassin récidiviste Claude D., plaide dans le Point J.

Caroline Stevan
Réalisation : Brian Lanni

Roselyne Fayard accueille la psychiatre Valérie Le Goff pour parler de son ouvrage « Comment survivre au mariage avec un pervers narcissique », paru aux Editions Médecine et Hygiène.

Valérie Le Goff-Cubilier est psychiatre et psychothérapeute FMH. Elle est médecin responsable de l’Unité de consultation couple et famille du Secteur psychiatrique Ouest au Département de psychiatrie du Centre hospitalier universitaire de Lausanne, Présidente de l’Association suisse de thérapie familiale et d’intervention Systémique, et thérapeute EMDR Europe Adultes, Enfants, Adolescents.